

LE BILAN DES JOURNEES 2025
Les 9èmes journées annuelles de l’Infrastructure de Recherche (IR) OZCAR se sont tenues à Levier (Doubs) au centre des Fauvettes du 10 au 13 mars 2025. Soixante-quinze participants étaient présents sur place et une quinzaine de participants ont pu contribuer en distanciel. Nous remercions tous les participants pour les échanges toujours riches et pour les discussions animées qui ont ponctué ces journées.
Ces journées se sont déroulées autour des temps forts suivants :
- Un bilan de l’état d’avancement des activités (work packages) menées au sein de l’IR OZCAR : les données (WP1), l’interface données modèles (WP2), l’instrumentation (WP3), les thèmes transverses (WP4) et l’activité internationale (WP5) avec notamment l’avancée du projet d’infrastructure européenne eLTER. La présentation introductive a aussi introduit la campagne de renouvellement de la feuille nationale des infrastructures de recherche et les sujets qui devront être traités dans le dossier, à rendre pour fin juillet 2025.
- Un bilan de plusieurs thèmes transverses ayant progressé en 2024: l’attachement des scientifiques à leur observatoire, bilan des travaux et résultats obtenus avec le RiverLab (chimie des rivières haute fréquence), l’usage de la gravimétrie pour estimer l’évapotranspiration réelle, la rétro-observation de la zone critique,
- La présentation et la discussion des 3 nouveaux projets de thèmes transverses sur des thèmes aussi divers que le partage d’outils de traitement des données, la réflexivité sur nos pratiques de recherche ou la représentation de notre objet d’étude, la zone critique. Un premier atelier a déjà permis de collecter des premiers retours des participants sur le thème de la réflexivité par rapport à nos pratiques de recherche.
- Les présentations des deux grands témoins invités sur le thème « Zone critique et santé » : Patrick Giraudoux (Chrono-Environnement, Besançon) et Camille Besombes (Sciences Po Paris).
- Un premier atelier visant à entamer les réflexions sur le PEPR TRANSFORM
- Et bien sûr les visites organisées le mercredi matin par les SNO Tourbières (site de Frasne) et l’observatoire Jurassic Karst, complétées l’après-midi par des présentations des travaux de recherche sur ces territoires ainsi que d’interventions des acteurs du territoire précisant leurs questionnements et les interactions qu’ils entretiennent avec les scientifiques.
Ce qu’on peut retenir de ces journées :
- La richesse des visites de terrain proposée et des échanges qui ont eu lieu à cette occasion. Les présentations de l’après-midi ont aussi illustré des collaborations entre scientifiques et acteurs des territoires très fécondes.
- Les présentations des deux grands témoins qui ont illustré la thématique « Zone critique et santé » avec la présentation du travail de l’IPBES, les concepts OneHealth et EcoHealth et des illustrations où des approches transdisciplinaires mêlant santé, étude de la zone critique et liens avec les acteurs des territoires permettent d’aller vers des solutions à des problèmes de santé des écosystèmes et de santé humaine complexes.
- La démonstration d’un prototype incluant des outils de visualisation, de téléchargement, dans des formats harmonisés, des données depuis le portail du Système d’Informations (SI) Theia/OZCAR, ainsi que des outils de statistiques sur les téléchargements. L’outil devrait être mis en production d’ici la fin 2025. L’IR OZCAR continue à soutenir le développement la base de données hydrogéophysique et a travaillé, en 2024, à une nouvelle solution pour les modèles numériques de terrain haute résolution. L’activité de l’équipe dans les projets nationaux sur les données, comme le PC8 OneWater Data s’est intensifiée et elle travaillera en 2025 sur l’établissement de connexions avec les outils eLTER de gestion des données.
- Une nouvelle valorisation, par une publication dans Geochimica Cosmochimica Acta, du travail de modélisation en transport réactif réalisé par Julien Ackerer sur 4 bassins du réseau OZCAR dans le cadre de son postdoctorat dans l’IR, mais aussi la valorisation en cours, des résultats d worskhop de prospectives sur la modélisation de la zone critique dans une publication à soumettre au numéro spécial de Hydrological Processes ouvert jusqu’à fin août 2025.
- Sur le volet instrumentation (WP3), l’année 2024 est marquée par des interactions renforcées avec l’Equipex+ TERRA FORMA et la définition des services que le projet proposera. L’équipe qui pilote le WP3 est fortement impliquée dans la construction du parc instrumental RIPOSTE (Réseau d’Instruments Partagés pour l’Observation) qui mettra en relation les capteurs disponibles, les expertises sur ces instruments et les besoins des scientifiques. On peut aussi souligner une valorisation scientifique du parc instrumental de l’IR importante en 2024.
- La tenue, avec l’Equipex+ TERRA FORMA, des 1ères journées OZCAR CRITECH du 18 au 20/11/2024 à Lyon. Les collègues de TERRA FORMA ont partagé leur expertise dans le montage et la programmation de boîtiers de communication pour les capteurs de l’anthropocène.
- L’organisation de la première formation en hydrométrie de l’IR OZCAR du 20 au 22/11/2024 dispensée par des collègues de l’équipe Hydraulique des Rivières de RiverLy (INRAE, Lyon Villeurbanne)
- La présentation de l’avancée de plusieurs thèmes transverses est toujours un grand moment, permettant d’illustrer l’apport scientifique de ces projets interdisciplinaires et inter-observatoires, avec des résultats notables sur l’exploitation des données des RiverLab, l’usage de l’ADN environnemental, la rétro-observations de la zone critique ou l’usage de la gravimétrie pour estimer l’évapotranspiration. Les projets arts et sciences ont aussi illustré l’importance de se rendre sensible à nos objets d’étude. Les nouveaux thèmes présentés cette année nous invitent à réfléchir au partage de nos outils d’analyse des données, à la représentation de la zone critique, mais aussi à nous interroger sur nos pratiques de recherche, avec un premier atelier qui a permis aux participants d’entamer la réflexion.
- Les journées ont aussi permis de faire le bilan sur l’avancée de la construction européenne eLTER : rédaction des protocoles de mesure des Standard Observations, construction des services auxquels la France souhaite contribuer et identification des moyens pour cette construction, en s’appuyant sur plusieurs PEPR, dont le PEPR TRANSFORM pour lequel un premier atelier a permis de réfléchir à la transformation dans nos observatoires. Ces réflexions ne font que débuter et seront poursuivies dans les années qui viennent.
LES GRANDS TEMOINS


Légendes photos : Les deux grands témoins (de gauche à droite) : Patrick Giraudoux, Professeur Emérite, Université Marie et Louis Pasteur, laboratoire Chrono-Environnement, Besançon) et Camille Besombes, médecin spécialiste en maladies infectieuses et tropicales et docteure en épidémiologie et santé publique, actuellement en postdoctorat au MédiaLab de SciencePo.
Cette année, le thème des journées était « Zone critique et santé ». Nos deux grands témoins ont éclairé plusieurs aspects de ce vaste domaine : les travaux de l’IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) d’une part et les concepts de OneHealth et EcoHealth d’autre part, le tout illustré par des exemples tirés de leurs travaux de recherche.
- Patrick Giraudoux, Professeur Emérite à l’Université Marie et Louis Pasteur et au laboratoire Chrono-Environnement de Besançon, a présenté les processus menant à la publication des rapports de l’IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) auquel il participe. Il a aussi illustré comment ne pas prendre en compte les interconnexions entre les problématiques eau, biodiversité, alimentation et santé, peut conduire à des mesures contreproductives, mais aussi quel peut être le coût de l’inaction. Par contre, une prise en compte des problématiques territoriales de manière systémique peut permettre de converger vers des solutions qui puissent être acceptées par les parties prenantes. Il a illustré cette approche sur la problématique de la pullulation des campagnols terrestres dans les prairies du Jura, en lien avec l’intensification de la production de comté, le lien avec la présence de prédateurs et la propagation de l’échinococcose alvéolaire qui est une zoonose. Une vidéo a aussi illustré les résultats du projet CARELI (Campagnol, Renard, Lièvres) qui collecte, sur une dizaine d’années un ensemble de données permettant d’alimenter les discussions entre les différents acteurs du territoire, autour de la classification du renard comme espèce susceptible d’occasionner des dégâts.
- Camille Besombes, médecin spécialiste en maladies infectieuses et tropicales et docteure en épidémiologie et santé publique, a présenté le concept de OneHealth (Une seule santé) qui propose une approche intégrée, systémique et unifiée de la santé publique, animale et environnementale, avec des illustrations tirées de plusieurs épidémies récentes. Elle a aussi montré les limites de l’usage de ce concept avec des approches plus réactives que préventives et où on se prépare à réagir à l’émergence d’une maladie (preparedness), au détriment d’approches préventives, et avec une faible présence des sciences de l’environnement. En réponse à ces limitations, l’approche EcoHealth a émergé. Elle vise à comprendre les déterminants de la transmission des maladies infectieuses dans leurs écosystèmes d’origine et les évolutions récentes des territoires impliquées dans leur apparition. Cette approche permet d’aller vers des approches plus préventives, en partant non d’une maladie, mais d’un territoire, avec un exemple qu’elle essaie de mettre en place dans le Cantal.
