Journées annuelles OZCAR 2024

Les 8ème journées annuelles de l’infrastructure de recherche OZCAR se sont tenues au bord du lac de Samatan dans le Gers au centre MILEADES (https://www.mileade.com/destinations/campagne/samatan/ ) du 25 au 28 mars 2024.  Ce sont près de 80 participants qui étaient présents sur place et une dizaine de participants ont pu contribuer en distanciel. Nous remercions tous les participants pour les échanges toujours riches et pour les discussions animées qui ont ponctué ces journées.

Ces journées se sont déroulées autour des temps forts suivants : 

  • Un bilan de l’état d’avancement des activités (work packages) menées au sein de l’IR OZCAR : les données (WP1), l’interface données modèles (WP2), l’instrumentation (WP3), les thèmes transverses (WP4) et l’activité internationale (WP5) avec l’avancée du projet d’infrastructure européenne eLTER, mais aussi avec des présentations de l’avancée de plusieurs PEPR (Programme d’Equipement Prioritaire pour la Recherche) pertinents pour l’IR OZCAR. 
  • Un bilan de plusieurs thèmes transverses ayant été actifs en 2023, notamment grâce au soutien de stagiaires financés par l’IR OZCAR : rétro-observation de la zone critique, héritages paysages, boucles de rétroactions, méthodes de caractérisation des sols, réflexion sur l’émergence d’un observatoire de la zone critique dans les TAAF et ; en lien avec le thème des journées, un bilan des actions menées dans le réseau en termes de sciences participatives ainsi que les perspectives pour l’IR en ce domaine. 
  • La présentation et la discussion des 2 nouveaux projets de thèmes transverses, interrogeant nos représentations de la zone critique et l’attachement des scientifiques à leur observatoire. 
  • Les présentations des trois grands témoins invités sur le thème « Autour des données » : Françoise Genova (Observatoire Astronomique de Strasbourg), Romain Julliard (MNHN), Maryse Carmes (CNAM) 
  • La visite de terrain sur le bassin versant d’Auradé et la tour à flux de la parcelle ICOS. 
  • La remise du 5ème prix OZCAR 2024 à William Rapuc, actuellement postdoctorant au laboratoire EDYTEM en Savoie 
  • Des premiers ateliers visant à partager les expériences présentes dans le réseau sur la mesure de différentes variables, notamment les Standards Observations proposées par l’IR eLTER. 

Ce qu’on peut retenir de ces journées : 

Après en avoir été privé l’an dernier pour cause de grève des transports, les participants ont apprécié ces journées en présentiel et de pouvoir profiter des pauses café ou déjeuner, sans compter les soirées, pour échanger. Tous ont aussi été ravis de pouvoir retourner sur le terrain pour la visite du site d’Auradé/OSR SO. 

Des grands témoins qui ont illustré différents aspects de la thématique « Autour des données », que ce soit le contexte national et international de ce partage et un retour d’expérience de la communauté des astronomes (Françoise Genova) ; ou différents aspects (conditions de mises en œuvre et de succès, avantages et limitations) de projets de sciences participatives avec des illustrations dans le domaine de la biodiversité et de l’écologie (Romain Julliard) ou d’éléments plus théoriques autour des questions posées par ces approches, de leur mise en œuvre en s’appuyant sur des capteurs et des actions prévues dans le cadre de l’Equipex+ TERRA FORMA (Maryse Carmes). 

Des progrès significatifs vers le téléchargement, dans des formats harmonisés, des données depuis le portail du Système d’Informations (SI) Theia/OZCAR, avec la définition des formats de sortie et le test des outils de stockage des données. L’effort est de longue haleine, et nous espérons un prototype fonctionnel d’ici la fin de l’année. L’IR OZCAR continue à soutenir le développement la base de données hydrogéophysique et propose, en 2024, une nouvelle solution pour les modèles numériques de terrain haute résolution. L’équipe est aussi active dans les projets nationaux sur les données, comme l’Equipex+ Gaia Data ou le projet ciblé OneWater Data (PC8)

Une valorisation, par une publication dans Water Resources Research, du travail entamé depuis 2019 par Sylvain Kuppel, puis Julien Ackerer, sur la valorisation des données des observatoires dans la modélisation. Les résultats du workshop de mai 2023, animés par les responsables du WP2, sont, quant à eux, en cours de valorisation par un « position paper ».  

Sur le volet instrumentation (WP3), l’année 2023 a été marquée par un effort significatif en termes de jouvence/achats de capteurs de la part du CNRS, la réalisation d’un inventaire et de réparations sur les appareils issus de l’Equipex CRITEX, dont la gestion revient maintenant à l’IR OZCAR. Et bien entendu, la valorisation scientifique du parc instrumental de l’IR, s’est poursuivie par la participation à plusieurs expérimentations de terrain ou à des actions de formations. 

La présentation de l’avancée de plusieurs thèmes transverses est toujours un grand moment, permettant d’illustrer l’apport scientifique de ces projets interdisciplinaires et inter-observatoires, même si on peut regretter que nos agendas trop chargés ne permettent pas d’y consacrer le temps suffisant. Les nouveaux thèmes présentés cette année ont montré, s’il en était besoin, que la zone critique est attractive au-delà des géosciences et que nos observatoires et nous, scientifiques de la zone critique, devenons, nous-mêmes, des objets de recherche.   

Les journées ont aussi permis de faire le bilan sur l’avancée de la construction de l’infrastructure européenne eLTER avec des échéances qui rendent cette construction plus concrète : rédaction des dossiers de candidatures, positionnement sur les services, rédaction des protocoles de mesure des Standard Observations. Les discussions ont aussi souligné que, pour que la France puisse réaliser ses ambitions, des moyens supplémentaires sont nécessaires. Des discussions sont nécessaires avec les tutelles, mais aussi avec les porteurs des différents PEPR (Programmes et Equipements Prioritaires de Recherche), pour que la France puisse réaliser ses ambitions. 

Enfin, aiguillonné par les actions engagées dans eLTER sur ce sujet, ces journées ont permis de lancer un chantier sur la discussion et la rédaction de protocoles de mesures partagés dans l’IR OZCAR. Que ce soient autour de la caractérisation de la pluie, de la caractérisation des sols, de la mesure de l’humidité du sol ou des variables hydrochimiques, des petits groupes ont initié des échanges permettant de partager les expériences. Il nous faudra capitaliser sur ce dynamisme pour faire vivre ces groupes en y associant tous les acteurs, notamment les ingénieurs et techniciens qui sont sur le terrain au quotidien.  

Sous le titre très générique « Autour des données », nos trois grands témoins ont éclairé plusieurs aspects de ce vaste domaine : le cadre et les avantages du partage des données pour une communauté et l’intérêt et la mise en œuvre des sciences participatives.  

Françoise Genova, directrice de recherche émérite au CNRS (Observatoire Astronomique de Strasbourg), a tout d’abord retracé les grandes étapes ayant conduit à promouvoir le partage des données au niveau international (OCDE, UNESCO, UE). Ceci s’est traduit en France par la Plan National pour la Science Ouverte (dernière version en 2021). En pratique, il s’agit de rendre les données FAIR (Findable, Accessible, Interoperable, Reusable). Françoise a ensuite illustré comment le partage des données a transformé en profondeur et de manière durable, la manière de faire de la science dans son domaine, l’astronomie. Les données, notamment issues des grands instruments comme les télescopes, y sont partagées et réutilisées. Les conditions en sont des sources de données fiables et certifiées, une implication forte de la communauté pour définir les standards et des ressources suffisantes pour maintenir les infrastructures de données et des ressources humaines (scientifiques, informaticiens, data curator) qui travaillent dans l’ombre pour que ce partage des données soit transparent pour l’utilisateur.  

Romain Julliard, directeur de l’unité MOSAIC (Méthodes et outils pour les sciences participatives) au Muséum Nationale d’Histoire Naturelle (MNHN, Paris) a illustré, au travers du projet SPIPOLL (Suivi Photographique des Insectes POLLinisateurs), l’apport des sciences participatives à un programme de recherche. A partir de protocoles bien établis, la base de données s’enrichit de photographies où les espèces de pollinisateurs sont identifiées par des amateurs, qui bénéficient de l’effet d’apprentissage du groupe (forum d’échange entre membres). Il a insisté sur l’importance des protocoles et du lien social entre participants pour accroître rapidement les compétences des membres à identifier les espèces. Il a aussi présenté de nouveaux programmes qui démarrent autour de l’observation éthologique des animaux dans les zoos et sa nouvelle unité, qui peut accompagner les projets de sciences participatives.  

Enfin, Maryse Carmes, Maître de Conférences en sciences de l’information et de la communication, à l’unité DICEN IDF, au CNAM, a rappelé les bases des SAPS (Sciences Avec et Pour la Société) en insistant sur la nécessité d’une co-construction avec les citoyens. Elle a partagé son expérience sur des projets de sciences participatives à partir de capteurs. Dans un second temps, elle a présenté les projets en cours dans l’Equipex+ TERRA FORMA où elle anime le WP4 « Du capteur à l’action ». A partir de quelques capteurs low-tech et ouverts, développés dans le projet, il est prévu de dupliquer les capteurs pour un usage par les citoyens, afin de répondre à des questions co-construites avec les acteurs des territoires, donnant lieu à des savoirs situés (concept développé par Donna Haraway). La duplication des capteurs s’appuiera sur le réseau des FabLabs et des comités territoriaux permettront la co-construction du programme avec les acteurs des territoires. D’un point de vue recherche, de nouvelles questions scientifiques émergent, comme l’impact de ces expériences de sciences participatives sur la formulation des questions environnementales, la manière d’hybrider les connaissances, l’intérêt de l’usage d’objets frontières (comme les capteurs ou la gaiagraphie proposée par Alexandra Arènes – voir article sur TERRA FORMA en partie IV), ou l’impact de la reconnexion à la nature des citoyens sur leur perception des questions environnementales. 

La visite de terrain du mercredi 27/03 a débuté sous un soleil radieux, avec un panorama magnifique sur les Pyrénées enneigées. Répartis en deux bus, les participants ont successivement pu visiter la parcelle flux d’Auradé (IR ICOS) et l’exutoire du bassin versant et une parcelle de jachère attenante. Dans les ors du colza en fleur, Tiphaine Tallec et ses collègues ont présenté les différents instruments : la tour à flux ICOS et les mesures d’indice foliaire (LAI), des mesures de spectro-radiométrique des propriétés des feuilles. B. Zawilski a fait la démonstration de deux modèles de chambre de mesure des échanges gazeux dans le sol, qu’il développe en partie dans le cadre de TERRA FORMA. A l’exutoire, ce sont les mesures hydrochimiques qui ont été présentées par M. Guiresse et V. Payre Suc. Sur la parcelle de jachère, V. Bustillo a présenté les travaux menés sur les sols et l’érosion et A. Elger, des dispositifs connectés de suivis de la faune.  

Accueillis par le maire d’Auradé dans la salle municipale, les participants ont pu déguster le pique-nique préparé par les cuisiniers du centre Miléades. Après une introduction par N. Racinais des actions menées par le GAGT (Groupement des Agriculteurs de la Gascogne Toulousaine) pour lutter contre l’érosion, les présentations ont fait le bilan des travaux de recherche récents menés sur le bassin d’Auradé. A. Elger a présenté les enjeux d’une candidature du site à une labellisation par l’IR eLTER et son inscription comme site pilote de TERRA FORMA. Les autres présentations ont illustré la richesse des travaux : usage de données spatiales pour la gestion de la ressource en eau ou l’établissement des bilans de carbone dans les sols, rôle des retenues dans la limitation des pollutions par les pesticides, caractérisation de la stabilité des sols et de l’impact des structures paysagères sur l’érosion, mesure écoacoustique et suivi de la diversité de la faune, présentation d’expérimentations pour changer les pratiques agricoles et développer l’agroécologie, évaluation de l’impact de ces changements sur les services écosystémiques.   

Nous remercions vivement tous les participants, les collègues qui ont contribué à la préparation d ela visite de terrain, ainsi que le personnel du centre Miléades pour leur contribution au succès de ces journées.

Retrouvez les informations sur le programme, les présentations et les conclusions de ces journées : https://nextcloud.inrae.fr/s/33e32WX3bcSo2qe  

Les vidéos des interventions des grands témoins sont disponibles sur la chaine YouTube de l’IR OZCAR : https://www.youtube.com/playlist?list=PL5q_nMCSksH6ejS1hWGz5F8c0BxSNO9h0  

Voir aussi dans la newsletter 2024 : https://nextcloud.inrae.fr/s/5dXkBgRQztqRrFS

Rechercher